C’était un Si, un jeune Si qui s’était échappé d’une jolie symphonie. Il virevoltait au vent léger, profitant de sa liberté nouvellement conquise. Il partait à la recherche d’un LA pour se poser près d’un saule. Il avait entendu dire qu’un saule était indispensable pour chanter des airs dans le vent.
Catégorie : Conte
Jean & Jeannette
Les vacances de Noël préférées de Jean et de Jeannette, étaient assurément celles qu’ils passaient tous les deux chez Bon papa et Bonne maman. Ils habitaient une grande maison à flanc de montagne. Il fallait traverser des villages aux jolies maisons, longer les prés, traverser une rivière grâce au pont qui l’enjambaient et enfin côtoyer un verger qui au printemps n’était qu’un champ de fleurs. Alors, on apercevait la maison du bonheur, entourée d’un jardin arboré, recouvert de mille couleurs quelle que soit la saison.
Ainsi va la vie !
Ma jeunesse s’en est allée… Quand ? Où ? Je ne sais, elle est partie sur la pointe des pieds sans se faire remarquer, en catimini. Elle s’est éloignée comme une vieille amitié épuisée ou plus simplement fatiguée. Elle est sans regret, mais me laisse désemparée. Qu’ai-je fait de mes vertes années ? Qu’ai-je construit, qu’ai-je aimé ?
Le nez
La princesse de Courtevue avait un gros problème. Et quand je dis un gros problème, je pense surtout à un problème immense, incommensurable, incroyable, inclassable : son nez. Lors de ses vertes années, la jeune fille avait un joli petit nez mutin. Et puis, comme ça, sans qu’on y prenne garde et surtout sans raison, mais alors sans raison aucune, son nez s’est mis à grandir. Il est d’abord devenu long, trèèèès long, puis il s’est élargi.
Les couleurs et la ville
Le ciel invariablement gris offrait aux regards désabusés le spectacle désolant d’une ville sans couleur. Gris, noir, cendre anthracite, marron et parfois bleu marine ou vert bouteille. Tout est sombre, tout est triste. Une torpeur maladive semblait régner en maître sur des petites existences mesquines et étriquées. Était-ce le temps qui les minait ou bien elles-mêmes qui minaient le temp. ? Où diable étaient passés les arbres, les fleurs, les oiseaux, les rires et les chants ? Quelle que soit la saison, aucun bruit, aucune musique ne perçait le tintamarre assourdissant des véhicules ternes et poisseux de pollution incrustée.
Petit Bonheur
Il sautait de nuage en nuage. Il cherchait un dormeur pour entrer dans son rêve. C’était un petit bonheur qui cherchait un dormeur. Il est arrivé tard en soirée. Sautant de chambre en chambre, de lit en lit, il cherchait un rêve confortable pour y passer la nuit.
La tisseuse
C’est une passeuse de temps qui tisse la nuit et le jour, une passeuse de vie, une passeuse d’amour. Assise, les jambes pendantes dans le vide du ciel bleu sombre de la nuit, elle pêchait les étoiles. Appliquée, elle les attrapait une par une et les posait avec délicatesse dans un panier de brume.
Heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage.
Heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage... Oui ben là, il a bien fallu rentrer, tuer les prétendants, reprendre son poste de roi. Et reprendre le train-train quotidien. Au début, c’est sûr, c’est reposant ce calme mais à la longue ça fait un peu « maison de retraite ». Et puis, il y a aussi autre chose. Ulysse a navigué sous le soleil, d’où sont teint hâlé, il a dû affronter les éléments, combattre l’adversité, la colère des dieux. C’est donc un homme superbe, bronzé, musclé, au charisme rayonnant, qui est rentré de ce périple. Pénélope, elle, n’a pas vu le soleil pendant toutes ces années. Elle brodait le jour, débrodait la nuit. Un teint blafard, des larges cernes, des bras chauve-souris, la fesse flasque, le ventre rebondi, la femme vieillie, alors que lui…
Le râleur
Comme tous les matins, je traversais le cimetière pour aller à l’école. C’était un super raccourci pour m’y rendre. J’aimais ses allées fleuries, quelquefois ensoleillées, quelquefois luisantes de pluie. Comme tous les matins, j’y croisais Monsieur et Madame Cousin qui profitaient du calme de la matinée pour se promener loin de l’agitation et des turpitudes de la ville.
Le poids des mots
Magie était conteuse, elle passait les mots, les faisait vivre, les sauvant de l’oubli. Elle était une magicienne protectrice des fables, des contes, des historiettes, des poèmes aussi. Elle créait des sons au rythme des saisons. Un jour, son chemin a croisé celui de Manoé, le lutin mangeur de mots. La rencontre fut brutale.