Le ciel invariablement gris offrait aux regards désabusés le spectacle désolant d’une ville sans couleur. Gris, noir, cendre anthracite, marron et parfois bleu marine ou vert bouteille. Tout est sombre, tout est triste. Une torpeur maladive semblait régner en maître sur des petites existences mesquines et étriquées. Était-ce le temps qui les minait ou bien elles-mêmes qui minaient le temp. ? Où diable étaient passés les arbres, les fleurs, les oiseaux, les rires et les chants ? Quelle que soit la saison, aucun bruit, aucune musique ne perçait le tintamarre assourdissant des véhicules ternes et poisseux de pollution incrustée.
Catégorie : Conte
Petit Bonheur
Il sautait de nuage en nuage. Il cherchait un dormeur pour entrer dans son rêve. C’était un petit bonheur qui cherchait un dormeur. Il est arrivé tard en soirée. Sautant de chambre en chambre, de lit en lit, il cherchait un rêve confortable pour y passer la nuit.
La tisseuse
C’est une passeuse de temps qui tisse la nuit et le jour, une passeuse de vie, une passeuse d’amour. Assise, les jambes pendantes dans le vide du ciel bleu sombre de la nuit, elle pêchait les étoiles. Appliquée, elle les attrapait une par une et les posait avec délicatesse dans un panier de brume.
Heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage.
Heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage... Oui ben là, il a bien fallu rentrer, tuer les prétendants, reprendre son poste de roi. Et reprendre le train-train quotidien. Au début, c’est sûr, c’est reposant ce calme mais à la longue ça fait un peu « maison de retraite ». Et puis, il y a aussi autre chose. Ulysse a navigué sous le soleil, d’où sont teint hâlé, il a dû affronter les éléments, combattre l’adversité, la colère des dieux. C’est donc un homme superbe, bronzé, musclé, au charisme rayonnant, qui est rentré de ce périple. Pénélope, elle, n’a pas vu le soleil pendant toutes ces années. Elle brodait le jour, débrodait la nuit. Un teint blafard, des larges cernes, des bras chauve-souris, la fesse flasque, le ventre rebondi, la femme vieillie, alors que lui…
Le râleur
Comme tous les matins, je traversais le cimetière pour aller à l’école. C’était un super raccourci pour m’y rendre. J’aimais ses allées fleuries, quelquefois ensoleillées, quelquefois luisantes de pluie. Comme tous les matins, j’y croisais Monsieur et Madame Cousin qui profitaient du calme de la matinée pour se promener loin de l’agitation et des turpitudes de la ville.
Le poids des mots
Magie était conteuse, elle passait les mots, les faisait vivre, les sauvant de l’oubli. Elle était une magicienne protectrice des fables, des contes, des historiettes, des poèmes aussi. Elle créait des sons au rythme des saisons. Un jour, son chemin a croisé celui de Manoé, le lutin mangeur de mots. La rencontre fut brutale.
Moije
C’était à n’en point douter la sorcière la sorcière la plus stupide, la plus imbue de sa personne de tout le sabbat. Petite, grassouillette, elle laissait ses cheveux roux filasses à l’abandon sur son crâne en pain de sucre. Non, elle n’était pas laide, belle ? faut pas pousser. Non, elle était juste insignifiante mais avec intensité. Sa longue robe noire toujours plus près de son corps à mesure que ses bourrelets s’intensifiaient, lui donnait l’air d’un chaudron resté trop longtemps sur le feu.
Après la Bataille
Après la Bataille Il était étendu sous un arbre centenaire. La bataille avait été rude. Les coups assénés avec férocité et désespoir par des guerriers aguerris l’avaient meurtri et épuisé. Après la bataille, il s’était effondré sous cet arbre à moitié brûlé, il s’était endormi au milieu des cadavres dans un paysage de désolation. On entendait ici et là, des gémissements, des appels à l’aide, des cris de douleur, certains appelaient leur mère.
Rosie
Avec son teint de rose, ses jolies bouclettes, ses robes affriolantes et ses colifichets, Rosie était la sorcière la plus critiquée de tout le sabbat. Sa marraine, ben oui, en tant que sorcière, elle se devait d’en avoir une. Donc, un jour, sa marraine est venue la voir.
Le Loubard, la Grand-mère et la tendre jeune-fille
Légère et court vêtue, elle traversait la forêt. Elle se rendait chez sa grand-mère, déjà parce qu’elle l’aimait bien et aussi parce qu’on était à la fin du mois et qu’elle devait percevoir son argent de poche.