Petit Arbre

Il avait poussé entre deux rochers. Malingre, fragile, prêt à s’envoler au moindre coup de vent. Oui, le vent qui s’amusait à le tourmenter. Le petit arbre penchait tantôt à droite, tantôt à gauche. Il se balançait, se tordait sous le souffle implacable du vent.

Le vent était constant, et le petit arbre avait fini par penser que c’était normal, que le vent l’éduquait.

Du coup, il avait fait pousser ses racines profondément dans la terre. Tellement qu’elles passaient sous les rochers, jusqu’au milieu de la forêt.

Là, se trouvait un arbre né en même temps que lui.

Cependant, n’ayant pas à lutter contre le vent, la pluie et toutes ces choses qui torturaient Petit Arbre, il avait poussé bien droit. C’était un arbre magnifique.

Au bout de quelques années, cet arbre était devenu majestueux, énorme, feuillu, touffu. De nombreux oiseaux y faisaient leur nid. Et l’on venait de loin pour l’admirer.

Petit Arbre, lui, ne recevait que peu de visites.

Il s’était développé au gré des coups du vent facétieux et féroces. Il avait grandi dans tous les sens. Son tronc était bizarrement torturé. Mais lui-aussi était extrêmement feuillu.

Il portait fièrement des branches pleines de feuilles qui, l’automne venu, le paraient de couleurs magnifiques.

Le temps a passé. Chacun s’est installé dans sa vie.

De loin Petit Arbre admirait ce grand arbre, si grand, si gros, si fort, si beau et grand arbre admirait la taille et la profondeur des racines de petit arbre.

Un jour cependant, des bûcherons sont arrivés. Ils ont mesuré le tronc du grand arbre, se sont frottés les mains. Ils ont apprécié le nombre de planches à venir.

Et ils ont cogné, coupé, scié le bel arbre qui malgré ses larmes et ses suppliques s’est retrouvé sur le sol : tronçonné, anéanti.

Petit arbre a regardé avec effroi ce carnage, ce cauchemar. Partout les oiseaux, les écureuils s’enfuyaient à grands cris.

Les hommes se sont approchés de Petit Arbre. Ils l’ont trouvé trop malingre, trop tordu, trop mal placé, trop inintéressant pour perdre son temps à vouloir de son bois. Pas de planche, pas de bûches, et que de danger pour le couper.

Ainsi va la vie. Si toi aussi, tu penses que tu n’es qu’un Petit Arbre tordu, dis-toi que certes, peut-être mais que toi, au moins, tu peux vivre ta vie à l’abri des convoitises destructrices.

Louise Desmons – octobre 2021

Un commentaire sur “Petit Arbre

  1. J adore !!! merci pour ce beau partage..mais tu aurais pu penser aussi à une suite, car ce n est pas parce que l arbre est « tronqué » qu il ne vit plus, ses racines sont toujours là ! il peut revivre et peut-être avec un nouvel espoir que les hommes ne s intéressent plus à lui .
    Bizzzzzz

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