Du fond de son sommeil, IL a senti cette caresse sur son visage, un doux frôlement. IL savait qu’IL ne devait pas ouvrir les yeux. Il sentait que quelque chose d’horrible l’attendait s’IL le faisait.
La caresse s’est fait pression. Elle insistait. Bientôt, la main froide s’est posée sur son épaule, les doigts s’y sont ancrés. Il a fait soudain plus froid et plus chaud en même temps. On insistait, mais IL ne voulait pas.
IL a senti une brûlure sur son bras puis IL a commencé à entendre des bruits. Son appartement était investi par des dizaines d’êtres ou d’entités. Tous lui en voulaient à LUI. Tous s’accrochaient. Mais LUI ne bougeait pas, il tiendrait bon, personne ne l’obligerait à ouvrir les yeux pour assister à cette sarabande.
Et puis, on a crié, une voix forte et masculine, « MONSIEUR ! Est-ce que vous m’entendez ? MONSIEUR ! ».
Là, IL a eu un doute. Que se passait-il ? Rêve ou cauchemar ?
« Monsieur ? Merde, on le perd ! Allez, on choque, son pouls bat à peine. Monsieur ! Allez, on s’accroche ! Ouvrez les yeux Monsieur, respirez ! ».
Alors, IL a tenté d’ouvrir ses paupières. C’était si lourd, c’était si dur, IL a essayé de lever la main, c’était si lourd, c’était si dur.
Soudain, ce fut comme si un ressort avait lâché et ses yeux se sont grands ouverts.
Ce n’était pas sa chambre, ni même son appartement. C’était l’hôpital. Rien de monstrueux, si ce n’est la foule d’appareils et le nombre de personnes qui s’affairaient autour de lui. « Il a ouvert les yeux ! Il revient ! »
IL laisse son regard vagabonder dans la pièce. Quelque chose l’interpelle, le dérange un peu, sans vraiment l’angoisser.
La chambre est vaste, démesurée même. Au-delà des soignants, IL voit des gens. A y regarder mieux, IL voit sa mère, sa sœur, deux cousins et là aussi le visage familier et aimant de ses amis.
Tous le veillent ! IL entend, « IL arrive ! » Et en même temps, un cri « Monsieur, accrochez-vous ! », « Merde, on le perd ! ».
Il a respiré à fond, a ouvert les yeux, a gémi.
IL a entendu « heure du décès », puis IL s’est levé et a rejoint la foule qui l’attendait.
« Il y a des naissances plus ou moins difficiles lui a dit sa mère, allez, viens ! on va fêter ça… ».
Louise Desmons mai 2020