Vide ou plein ?

Seule devant le frigo, elle hésite. Ai-je besoin d’acheter quelque chose ? Chapeau sur la tête, manteau prêt à être boutonné, écharpe posée sur la nuque, main posée sur la porte du frigo, elle hésite.

Elle ouvre et regarde.

Bon, beurre…est-ce que j’ai du beurre ? …ah oui ! euh, périmé depuis quatre mois, de la confiture ? houlà, une mousse blanchâtre a délicatement poussé sur le peu qu’il reste dans le pot. Y’a quoi d’autres ? du jambon périmé depuis…ah quand même ! ça doit être pour ça qu’il est vert. A vu de nez, le fromage est prêt à sauter du frigo dans la poubelle. Dans le bac à légumes, la salade s’est transformée en un monstre gluant verdâtre et liquide.

Elle contemple le désastre. C’est pas un frigo, c’est une arme de destruction massive, parée pour la guerre bactériologique. Pour contaminer l’ensemble de l’humanité, il suffit d’ouvrir en concomitance la porte du frigo et la fenêtre de la cuisine. Sûres de leur puissance, les bactéries anéantiraient l’Humanité.

Ouais, après ces constatations amères, elle s’arme du seul outil anti-pandémie possible à ce stade : un grand sac poubelle !

Elle espère toujours trouver quelque chose de comestible mais elle jette, jette, et jette encore. Il ne reste désormais dans le frigo qu’un yaourt nature périmé depuis une semaine seulement.

Lasse, elle referme le frigo, le sac poubelle et son manteau, elle ajuste écharpe et chapeau. D’un geste décidé, elle attrape son sac. Puis elle sort. Elle jette la poubelle dans le container prévu à cet effet.

Bon sang, ça te coûte un pont ce que tu viens de foutre en l’air ! Gosse de riche, va ! Parasite de la planète, oh et que je ne t’entende pas râler à propos de tes impôts, vu ce que tu te coûtes en frais de poubelle !

Elle se morigène intérieurement, elle peste contre ses éternels « j’ai pas le temps ». Elle pense à ses  » muscles frigo » comme elle les appelle, qui se sont largement développés sous l’altère couscous et plats à emporter. Elle s’injurie intérieurement, passe devant la supérette, hésite…et d’un pas décidé entre dans la pizzeria d’à côté.

Elle s’assied, commande, puis pleine d’auto-indulgence se dit qu’elle fera un plein de courses lorsque son frigo sera lavé et désinfecté.

En attendant, elle lève son verre : Santé !

Un commentaire sur “Vide ou plein ?

  1. J’espère qu’avec le confinement les habitudes vont changer qu’en penses-tu Louise peut-être la suite dans le prochain conte ?

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