Le visiteur

La pluie tombait, la pluie ruisselait depuis des heures. La vieille femme regardait par la fenêtre ce paysage de désolation qui s’étendait devant elle.

La pluie tombait, et les nuages passaient devant le soleil dans une partie de cache-cache sempiternelle. Et les nuages s’étalaient transformant par intermittence les vitres en miroir.

Et la vieille femme de regarder ses rides, de regarder les sillons creusés par le temps, le dur labeur de son visage sous le soc de la vie.

De loin en loin, elle apercevait fugacement une ombre, un profil, parfois même un regard s’attardait sur elle. Elle savait, elle attendait. Quand ? Comment ? Elle verrait à ce moment-là…

Et puis un soir, il fût là. Juste derrière elle. Avec son doux regard et ses gestes embarrassés.

Il s’est approché, hésitant encore à la prendre dans ses bras.

Elle ne s’est pas retournée, elle a regardé par la fenêtre pendant qu’il s’approchait, qu’il se rapprochait, confondant son visage avec le paysage. Puis, doucement, il l’a enlacée.

 Elle a eu froid, puis une douce chaleur l’a envahie. Elle a incliné la tête, l’a posée sur son épaule. Tout s’est effacé, tout est revenu. Les jours heureux, les rires, les bonheurs à deux. L’amour qui nait, qui s’épanouit. La tendresse qui le conforte. Oui, il et elle pour une vie.

Et puis, il est parti emporté par un crabe… alors elle a attendu, qu’il vienne, qu’il revienne. Et il était là, il est là, avec son doux sourire, ses yeux tendres et ses gestes d’amour.

Oui, il était venu pour elle, il était venu l’emmener avec lui. Ses cheveux blancs à elle se mêlant à ses cheveux bruns à lui… Lui, parti trop tôt, elle a vieilli seule longtemps, si longtemps, trop longtemps.

Mais pour ce dernier voyage, ils ont retrouvé leurs vingt ans et avec la vigueur de leur âge ont fait ensemble, le grand saut derrière les nuages…  

5 commentaires sur “Le visiteur

  1. Franchement, ce texte est de toute beauté ! Les premiers paragraphes sont d’une poésie ! C’est vraiment magnifique ! J’ai cru en l’écoutant côté podcast au début qu’il n’était pas de toi, mais d’un grand auteur de poèmes en prose ou de contes qui me serait inconnu ! Bravo !

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