Le nombril

Le nombril

Avant, et quand je dis « avant » c’était avant Neandertal, Sapiens et autres consorts.  Donc « avant » tout ce beau monde, il y avait l’homo ridiculus. Nous suspendons ici la narration pour souligner que c’est grâce à l’homo ridiculus que l’homo Sapiens et les autres ont connu une évolution déterminante de leur niveau de vie.

Mais tout d’abord, revenons au quotidien autrement tourmenté de notre homo ridiculus. Deux maux frappaient cette paisible tribu. Deux inconvénients majeurs et quasi insolubles !

Le premier est qu’ils n’avaient pas de nom propre, ils s’appelaient tous Jean, il y avait des Jean de tous les sexes et de tous les âges. Ce qui n’était pas gênant en soi, sauf quand on voulait s’interpeller, s’appeler ou simplement médire.

Le deuxième problème, était quant à lui de nature physiologique. Leur ventre était lisse, sans aucune cavité. Du  coup, le postérieur de l’homo ridiculus ne tenait pas seul. Non, il fallait le tenir, voire le retenir au moindre déplacement.

Accessoire indispensable à la bonne marche du quotidien, il convenait de ne pas le perdre. Ne pas oublier qu’en ces temps lointain une paire de fesses perdues faisait le bonheur et surtout le repas de bon nombre de prédateurs.

Aussi notre homo ridiculus était-il plus végétarien que chasseur.  Dois-je vous rappeler que les végétaux, fruits, racines et autres ont tendance à demeurer sur place, ce qui a un côté indéniablement pratique pour qui  est contraint de récolter… assis.

Lorsque d’aventure notre « Jean » voulait chasser, tous les animaux sur terre comme dans l’eau se passaient le mot pour ne pas rater le spectacle.

Imaginez !!  Une tribu de « jean » qui court en se tenant les fesses. Obligés de tenir leur massue coincée sous le bras tout en se tenant le postérieur. Les animaux se roulaient sur le sol en se tenant les côtes, ils riaient, s’interpellaient : »viens voir wouarf !! ».Vous avez déjà entendu l’expression « rire comme une baleine » ? et bien ça vient de là !

Aussi les seuls animaux que les Jeans ramenaient,  étaient  ceux qui tombaient morts de rire.

Il faut noter au passage, que grâce à l’homo ridiculus, l’évolution chère à Darwin a fait des progrès inattendus. Les poissons sont sortis de l’eau et pour plus de commodités ont transformés leurs nageoires en pattes, ils sont devenus iguanes, lézards, crocodiles et j’en passe, uniquement pour suivre les Jeans à la chasse, les oiseaux encore patauds, ont agrandi leurs ailes pour s’approcher davantage. Les girafes ont tellement allongé leur cou qu’elles peuvent désormais manger les plus hautes feuilles des arbres.

Cependant, notre jean Homo ridiculus ne peut rester ainsi. Etre la risée de la planète n’est pas une ambition, que diantre !!

Aussi, un soir, après une journée de chasse-humiliation nos jeans ridiculus s’en sont-ils allés consulter les Sages.

Celles-ci ont cogité, calculé, tracé des diagrammes compliqués, dessiné…Enfin, un matin la grande Jean (oui déjà à cette époque les « sages » étaient de sexe féminin) a appelé « Jean !!!! » et tout le village est arrivé.

« j’ai besoin d’un volontaire ! »

« Ben… »

« Jean ! tu viens, t’es volontaire ! »

Tout le village fait un pas.

« euh…bon , toi… »

Elle a saisi un jean par la taille, a calculé et tracé des lignes sur son ventre.  Elle demande alors : » qui a un clou ? »

Les « Jeans » se regardent. L’un d’entre eux se lève et s’avance.

« ô grande Jean ! puis-je vous faire remarquer que nous ne sommes pas encore à l’âge de fer ? »

«ah, oui  zut, qu’on m’amène un tibia »

Heureusement le village venait de connaître qq morts accidentelles liées à la dernière chasse.  On lui amène donc un tibia.

Elle coupe, gratte, perce. Satisfaite, elle déclare, « bien, je viens d’inventer le clou ! mais j’en voudrais un avec une raie au milieu de la tête et une spirale tout autour. Ainsi fut fait…

Le Jean cobaye commençait à s’inquiéter. Ses mains sur ses fesses se fatiguaient.

Elle l’a appelé, a vérifié se calculs et au milieu du ventre a placé sa vis. Puis, elle a tourné, tourné, tourné et tourné encore, jusqu’au point où les fesses commencent. Arrivée là, elle a tourné, tourné, tourné et  tourné encore. Alors que les fesses remontaient, s’accrochaient et enfin restaient en place.

Jean, les mains enfin libres et les fesses bien accrochées se mit à hurler à la planète entière « Tenez-vous bien ! on vient d’inventer le bloque-fesses!! »

Et la grande Sage de déclarer, non Je viens d’inventer le nombril !!!

 

Puis Jean la grande Sage s’est assise, elle a cogité de nouveau, il lui fallait résoudre le problème des Jean et là ! soudain !  une idée fulgurante on allait jouer avec les sons !

Elle réfléchit longtemps, elle tient des conciliabules avec les Jean, puis un grand vote est organisé. Et le vote a parlé, désormais et puisqu’on avait désormais les fesses solides, on allait s’appeler Pierre : l’âge de Pierre était né.