Le Fat
Regarde le celui-là ! Regarde ce type, presque jeune encore mais tellement vieux déjà. Vieux de certitudes, vieux de bêtise, de manipulations, de coups foireux, vieux d’une guerre menée contre le bon sens et la paix.
Regarde le ! Grand, gros, un physique de rugbyman parisien, il met un point d’honneur à connaître le prénom de chacun. C’est la seule fois que le mot « honneur » sera applicable à sa personne. Il fait partie de réseaux, des plus nobles aux plus vils. Après avoir bousillé, « tué », dégommé, des petits, des vies dont il ne connaissait que le prénom, il a grimpé les échelons de sa société, la société ?
Il arbore désormais le sourire satisfait de l’homme comblé, baignant dans ses certitudes visqueuses et qui voit désormais graviter autour de sa bedaine des parasites, une cour de flatteurs qui guettent sa chute en le flagornant, qui provoqueront sa déchéance à force de complots de bas étage.
Spectacle navrant, désolant, peu ragoûtant de l’âme humaine, de la petitesse érigée en art de vivre. Il est là tel un monarque attendant son destin, si destin il a.
Son nom évoque l’astre de vie mais regarde, ses initiales n’évoquent hélas qu’un cimetière. Ses parents ont-ils cru bon de rétablir la vérité sachant que l’humain n’atteint jamais l’humanité ?