Langage
La phrase, le mot, la prose, la poésie, tout cela au rebus, au panier, jeté, ignoré, policé. J’ai déjà expliqué que le nouvel SDF est un clochard pas même relooké. Que l’aveugle, même non voyant, se prend une gamelle s’il n’est pas guidé ou assisté Que la longue et douloureuse maladie ben..c’est quand même un cancer. Et qui dit « cancer » pense « cimetière ». De sourd en malentendant, d’infirme en « mobilité réduite », le langage s’aseptise et traduit des pudibonderies navrantes. Le siècle du non dit !
Le vocabulaire, les mots, ceux qui s’appauvrissent aussi vite que le peuple de France. Les mots, les idées, les sentiments pauvres et médiocres, ne traduisent hélas que la nouvelle mentalité.
Observe le vocabulaire amoureux, souviens toi : « Madame, vos beaux yeux me font mourir d’amour », souviens toi combien un autre poète a célébré et magnifié les « belles inconnues » et c’est autre là qui aime « Barbara » un jour où il pleut sur Brest ! Oui souviens toi…
Bon, maintenant assez rêvé. C’est ta balade caddie-de-samedi-obligatoire-parce-que-t’as-pas-d’autre-jour-, abruti par le bruit, les néons blafards, les rayons où s’entassent des marchandises inutiles, regarde ces corps sans âme satisfaire au culte de la consommation frénétique. Entouré de l’agressivité de tes contemporains, au bord de l’infarctus, regarde, écoute, vois, l’amoureux d’aujourd’hui.
Regarde comme il se meut dans ce territoire connu, regarde comme il approche la femelle dans un but d’accouplement, regarde l’effet des phéromones sur le jeune mâle en rut. Regarde cette nouvelle race d’amoureux :
Le langage clair, précis, direct ; « et Mad’moizelle, j’te kiff grave, t’es trop bonne « euh t’as un 06 ? »
La casquette de travers, le jogging blanc qui a connu des jours meilleurs il y a quelques années, l’œil amorphe, il empeste l’eau de Cologne bon marché dont il vient de s’asperger.
« euh madeumoizelle, mon pote y veut t’causer »
Sûr, c’est efficace, là au moins la jeune femelle, ou moins jeune, sait immédiatement de quoi il s’agit. Si elle n’optempère de suite elle entend un « salope » retentissant.
Si d’aventure, elle a grandi, elle aussi, dans un vivier de grands lettrés adeptes de la métaphore amoureuse. Elle lui répond vivement d’un majeur dressé dans une main vindicative.
Un joli moment d’échange amoureux et ce n’est pas parce qu’il est quotidien qu’il ne faut pas l’apprécier à sa juste valeur.
Et oui ! Tous sur http://www.kéké.com le nouvel art de vivre !