La Thalasso
On m’avait dit : « Tu vas voir, c’est génial, tu sors de là t’es détendue, réconciliée avec ton corps. Ah oui c’est fabuleux »
En fait, ça fait une demi-heure que je suis couchée, le corps couvert d’algues, le tout emballé dans des feuilles de plastique. Et ça démange, putain ce que ça démange. Je donnerais n’importe quoi pour pouvoir me gratter.
Engoncée dans ce costume végétal, je n’en peux plus. La peau et les nerfs à vif, des envies de meurtres plein la tête. Je la hais, je les hais, impossible de bouger. Je me tortille, histoire de me soulager un peu de ce carcan urticant. Je gigote, je voudrais n’avoir jamais écouté ces conseils, je me maudis de ma connerie. Je me pose des tas de questions sur la santé mentale des personnes qui font ce genre de cure régulièrement et qui y prennent plaisir. Tous cinglés.
« Alors, ma p’tite Dame, vous sentez-vous détendue ? » L’invective me vient aux lèvres, je ne craquerai pas. Je murmure simplement un « sortez-moi de là » vulnérable et suppliant.
Bref, sortie de là, couleur homard, lavée, rincée, décapée, j’ai mal partout, me passe des crèmes adoucissantes et maudis les modes contemporaines qui me poussent à de telles expériences.
On m’avait dit : « Tu vas voir ». J’ai vu, merci.