Noyade

NOYADE

 

Il est là parce qu’il titube. Il en est là parce qu’il titube. Il boit. Il boit de plus en plus, plus il boit et plus il a envie de boire. Plus il boit plus il est triste, plus il s’isole dans sa dépendance et dans son malheur. On ne noie jamais son chagrin, non on lui apprend seulement à nager.

 

Personne ne peut rien pour soulager le fardeau d’autrui. Personne ne peut vraiment se mettre à la place de l’autre. Pour y faire quoi du reste ? Personne n’est à l’abri d’un coup du destin. C’est qui d’ailleurs celui là ? Le destin est un mot inventé par l’Homme dans le but inavoué de ne pas assumer sa responsabilité dans ce qui lui arrive. Inaptitude à se dire : « Je l’ai mal joué ce coup là ». Refus catégorique de se dire que les intérêts des uns vont souvent à l’encontre des intérêts des autres, et que sur l’échiquier de la vie il faut peut être jouer différemment et regarder le damier sous un autre angle, ajuster, esquiver, lancer, s’élever, se tapir selon…

 

Alors oui, les paradis artificiels sont tentants, se dire qu’après tout rêver c’est peut-être jouer. Crier « joker » quand on ne comprend plus rien, ni à la partie en cours, ni même au jeu. Boire, se droguer, rêver une vie meilleure sans jamais s’en donner les moyens. Se dire qu’on n’a pas de chance, c’est la faute à…, c’est à cause de…, il fallait bien que…., des formules usées à force d’être utilisées sans discernement, sans précaution, sans même un léger soupçon sur le bien fondé du discours.

 

Allons, à ta santé vieux frère.