Ah si j’osais…
Je lui dirais bien, si j’osais, si j’avais le courage. Je lui dirais bien ce que je pense à celui-là. Oh mais oui, je lui dirais. Tu lui dirais quoi ? Tu ne lui dirais rien du tout. Et s’il se fâchait ? S’il ne voulait plus te voir ? S’il préférait sa propre vision de sa personne ? Et crois moi, il préfèrera celle-la. C’est un lâche, comme toi.
Dans ce monde, les gens sont comme cela, lâches. Et c’est tant mieux, tous sont des adeptes du consensus mou. Tous sans exception.
Ils préfèrent ne pas voir, ne pas savoir.
Même la fillette violée par son père ou un libidineux quelconque.
Lorsqu’on les force à ouvrir les yeux, ils hurlent à l’insécurité. Mais eux, savaient, voyaient, se doutaient. Mais bon, mais non.
Le cri d’enfant battu, entendu de tout le voisinage s’est perdu dans l’océan de la lâcheté collective. Le vieux passé à tabac, délesté de ses pauvres deniers, on savait mais on n’a pas cru.
Partout on vole, on viole, on massacre. Partout on vit. Et oui, c’est cela aussi la vie.
Alors on organise des conférences sur la violence et la société, la violence et la civilisation. Ah c’était drôlement vrai ce qu’ils disaient ces universitaires sentant la naphtaline. Ah les autres, les mal éduqués, les mal blanchis, ah c’est ceux-là qu’il faut visser. Non mais, qu’est-ce qu’ils foutent au gouvernement, ces incapables ?
Il faut des flics, des gendarmes, des soldats, des CRS, des uniformes partout, de la SECURITE. Il faut que le pays ait l’air en guerre pour qu’on puisse vous faire marcher à la baguette, vous faire jouer au petit soldat. En meute.
En meute, on se croit moins lâche, en meute on se sent plus fort, en meute on est toujours plus cons.
La sécurité des petites gens c’est quand le flic devient plus dangereux que le truand.
Ah, si j’osais…