D’abord vous êtes convoqué à un entretien d’embauche :
Vous avez envoyé votre C.V.
Vous pensez naïvement que la personne en face de vous l’a lu.
Vous vous pointez à l’heure (Chose vigoureusement recommandée par tous les spécialistes du recrutement) et évidemment sur votre 31.
« On » vous fera attendre ½ heure minimum. C’est qu’ « On » est très occupé, et qu’ « On » n’a pas le temps. Course folle de l’embaucheur dans les couloirs, quelques dossiers sous le bras (ça en impose ! ).
Quelques claquements de calcanéum plus tard, vous êtes reçu.
Vous redéclinez votre identité, âge, formation, pour quel poste vous êtes venu. Et vos motivations ? Parlez moi de vous (« Dis, c’est pour bosser pas pour épouser, alors lâche moi »).
Ah, vous avez des enfants, quel âge ? Les maladies infantiles, hum… c’est fait ? Qui les garde ? Profession du conjoint, où travaille-t-il ? (Dis c’est lui que t’embauche ou moi ?)
Cela fait combien de temps que vous habitez à cette adresse ?
Quelques questions indiscrètes plus loin, on passe au vif du sujet : LE POSTE ! !
« Au fait, vous avez mentionné dans votre CV (tiens, il a été lu celui-là ?) que vous aviez tenu un poste similaire dans la société MACHIN. Pourquoi l’avez-vous quittée ? »
(Dis, grand-père, tu lis la presse de temps en temps, t ‘es au courant qu’y a la CRISE ? ? ?
Licenciement économique, t’as déjà entendu causer ? ».)
Oui, mais pourquoi c’est VOUS qu’on a jetée ? ?
Doute et suspicion …
Description du poste, le gars prend la tête de celui qui va faire un super cadeau. Avec des mines acidulées, il vous décrit un poste d’une banalité de nougat en plein Montélimar, puis vous demande tout à trac : « Vous sentez vous faite pour ce poste ? «
(Dis donc, grand-père, ça fait deux ans que je rame au « chômedu », si tu crois que j’ai fait tout ça dans le but
de passer le temps. Mes motivations ? 3 000 « balles » aux ASSEDIC, 9 000 chez toi, bien sûr que je le prends ce poste si tu me le donnes ? C’est que je mange moi ! !).
Le responsable du service G.R.H. vous parlera avec bonheur de la société qu’il représente (pour vous tout seul), de son expansion toujours FORMIDABLE, (Vous imaginez l’effet d’une annonce ainsi rédigée :
« Société au bord du dépôt de bilan, cherche de toute urgence Commercial de choc pour redresser la situation », de son chiffre d’affaire (toujours à la hausse), de la chance que vous avez d’avoir été retenue pour ce poste (vous et quelques autres dont il ne fera mention qu’au moment de vous quitter).
Dans le meilleur des cas, vous aurez un coup de fil 3 semaines plus tard pour vous informer que Monsieur TRUCMUCHE avec qui vous devriez travailler est désireux de vous rencontrer.
Bon, on y retourne.
Re-31, Re sourires à tous crins, Re attente. C’est que ce Monsieur a encore plus de travail que l’autre.
Poignée de main rapide, regard fuyant, il vous reçoit, mais bon…on a autre chose d’urgent à faire et faudrait voir à voir.
Re description du poste, majorée des exigences du Monsieur. Je veux que, la candidate retenue devra, ne devra pas. Etes-vous disponible ? C’est qu’ICI ? LES CHOSES ne fonctionnent pas comme ailleurs (Ailleurs j’en viens, et les choses fonctionnent pratiquement toujours de la même façon : Même foutoir, Mêmes petits chefs, Mêmes galères, Mêmes Hommes, Mêmes mentalités.)
Il est bien évident que les propos entre parenthèses sont ceux que vous vous faites en vous-même, en souriant niaisement aux propos que l’on vous assène.
Quelques jours plus tard, vous êtes ou n’êtes pas retenue. Dans le 2ème cas, cela se traduira par une lettre sèche qui vous rassurera sur vos capacités, mais vous informera que devant le nombre de candidates…
Vous êtes retenue. Vous allez donc enfin retrouver cette fierté qui consiste à répondre à vos contemporains « « je bosse chez Machin : Je SUIS ».
Parce que c’est l’unique moment où vous risquez d’être pleinement satisfait de votre emploi.
En effet, une fois le « faut bien que je mange » satisfait, il faut travailler.
Le Poste ! !
Mais, ce n’est pas du tout ce qu’On m’avait décrit. Mais non, je ne parle pas Italien, mais non, je n’ai pas de formation comptable, mais…vous avez embauché qui ? ? ?
Ou alors, le poste ressemble vaguement à ce que l’on vous avait décrit, mais On a oublié de vous dire que vous êtes la 5ème personne en 3 mois qui le tient ; ou alors le Chef est un être imbuvable qui passe son andropause sur vous ; ou alors l’ambiance faux-cul est à son comble et vous n’avez pas fini d’alimenter les ragots de couloir (normal, vous venez d’arriver : « La pauvre, faut bien la former, elle sait rien rien rien, et avec tout ce que j’ai à faire, je n’ai pas le temps ». Entendez par là qu’elle ne raccourcira pas sa pause café, ni ses bavardages avec ses collègues).
Ou alors, le salaire dont on vous a parlé, est prévu pour les environs de 2010, mais cela n’est pas grave, ce qui compte c’est de se réaliser dans son travail.
Bref, quand on parle de d’adéquation des compétences et de la rémunération on est tenté de penser : « Et bien, on est peu de chose ».
De nos jours, et quelque soit l’entreprise, il y a une chose qui ne passe pas, une chose rédhibitoire : la ride. On vend des crèmes antirides, des crèmes anti-vieux. Mais si ces produits ont une certaine efficacité sur la peau ils ne peuvent rien pour le C.V….
à suivre !
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même pas surpris
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