De la méchanceté de choses.
Depuis toujours, l’homme fustige la bêtise et la méchanceté de l’HOMME. Mais que dire de la méchanceté sournoise des choses ?
Plus connue sous le terme de syndrome de la tartine beurrée ou loi de l’emmerdement maximum, elle nous mine, -mine de rien-, nous titille désagréablement, nous met systématiquement des bâtons dans les roues. Des exemples ?
Oh mais, nous n’en manquons pas !
Il suffit de laver les sols et la tartine se sent des velléités d’indépendance, elle tombe…sur le côté où vous avez amoureusement étalé un bon centimètre de beurre. Cette loi est particulièrement vraie pour les moquettes, tapis, ou toutes autres surfaces particulièrement difficiles à détacher.
Ou alors, faites vous couler un bain, chaud à souhait, une épaisse mousse parfumée tapisse l’eau d’une onctueuse promesse et là… le téléphone sonne !
– Allô !, c’est Maman.
– Oh !, Maman, j’allais prendre un bain.
– Quoi ! A quatre heures de l’après-midi ?
Et vous voilà parti pour une diatribe sur la pollution de l’eau, votre oisiveté etc…
Une heure plus tard, le bain est froid mais vous n’ignorez plus rien sur les risques que votre comportement irresponsable fait courir à la planète.
Si d’aventure, vous attendez un coup de fil hyper important. Le stylo toujours à portée du téléphone refusera catégoriquement de fonctionner.
Evidemment, vous vous excusez auprès de votre inte
rlocuteur qui ne manquera pas de s’interroger sur vos capacités d’organisation.
Vous en saisissez un autre qui ne voit pas pourquoi, il devrait prendre la relève vu qu’en temps ordinaire, vous ne lui prêtez guère attention : il refuse !
De guerre lasse, vous attrapez un crayon, un bon vieux crayon de bois et…la mine casse.
Autre cas de figure, vous rentrez chez vous à trois heures du matin. La maisonnée dort, tout est calme. Vous vous imaginez vous glissant dans les draps propres et accueillants de votre lit douillet.
Premier avertissement, la clef se dérobe, elle a sûrement eu des mots avec la serrure, du coup, elles s’évitent. Après maintes négociations, vous parvenez quand même à ouvrir la porte qui…grince. Jamais elle n’avait grincé cette porte, d’abord ses gonds sont mieux entretenus qu’une cocotte début Xxème siècle. Devant votre révolte, elle se calme. Vous entrez, dans l’obscurité où vous retrouvez le décor familier et rassurant de votre quotidien.
Vous entreprenez l’ascension de l’escalier. Attention, le troisième marche grince, elle n’est pas méchante cette troisième marche, non, seulement un peu handicapée par l’âge.
Donc, vous montez. Une, deux, j’évite la troisième et…j’écrase le chat qui hurle (oh, chut, tais-toi ! Ta gueule ou c’est l’Institut Pasteur !).
Vous écoutez debout dans le noir, tendu, angoissé, guettant le moment où toutes les lumières vont se rallumer et où vous vous retrouverez lynché.
Non, personne ne bronche (Qu’ont-ils avalé ? Ils se shootent au Fernergant ou quoi ? , p’tête qu’ils sont morts ?).
Vous continuez le cœur battant à tout rompre l’improbable escalier.
Sur le palier, les chaussures narquoises vous attendent, fallait nous ranger fanfaronnent-elles. Elles sont placées de façon stratégique, juste à côté de l’étagère, là où se prélasse le linge fraîchement repassé (vous savez, celui qu’on rangera plus tard…). Et là : croche-pied des godillots malmenés et méprisés, harassés et surmenés. Vous voulez vous raccrocher à l’étagère qui prise d’une soudaine faiblesse se dérobe et tombe vers l’avant dans un vacarme épouvantable, vous entraînant à sa suite dans cette chute invraisemblable.
A ce moment, vous êtes parfaitement rassuré. « Ils » ne sont pas morts, mais à leur air vous devinez que vos heures sont comptées…